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Paludification et productivité : l’apport des feuillus dans les jeunes pessières

2 mai 2025

Actualité

Yves Bergeron, Maísa De Noronha, Alain Leduc et Maxence Martin

Dans les forêts boréales canadiennes, la paludification* constitue un enjeu majeur, car elle diminue la productivité des pessières noires. Ainsi, les interactions très complexes entre la structure de la canopée, la diversité floristique du sous-bois, les aspects nutritionnels du sol et la productivité forestière méritent qu’on s’y attarde davantage. Dans ce contexte, une étudiante a consacré ses travaux de doctorat à la « relation entre la mixité du couvert forestier et la productivité dans les jeunes pessières à mousses sensibles au processus de paludification ». 

Maísa De Noronha, doctorante en sciences de l’environnement à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), s’est plus spécifiquement penchée sur la manière dont la présence d’essences feuillues, en interaction avec les conifères, peut atténuer les effets négatifs de la paludification sur la croissance des jeunes peuplements d’épinettes noires. Tout d’abord, les travaux ont consisté à faire des analyses à partir de semis d’épinettes noires en serre. Les premiers résultats ont démontré que les semis avaient une meilleure croissance dans des sols enrichis en humus issus de peuplements mixtes d’épinette et de feuillus ou de peuplements complètement dominés par des feuillus, par rapport aux sols provenant de pessières pures. Cela a mis en lumière l’importance de la litière de feuillus pour améliorer les propriétés nutritionnelles des sols. Par la suite, des inventaires terrain ont montré que la présence de feuillus dans les jeunes peuplements soumis à la paludification favorise la diversité des plantes en sous-bois et limite la couverture des sphaignes, ce qui améliore la productivité des épinettes noires en enrichissant le sol en nutriments. Enfin, l’analyse de données recueillies sur une période d’environ trente ans par la Direction de la recherche forestière du ministère des Ressources naturelles et des Forêts (MRNF) a révélé que les peuplements d’épinettes incluant des essences feuillues présentent une meilleure résilience à la paludification et conservent une productivité forestière plus élevée. 

Maísa De Noronha a soutenu sa thèse avec succès le 30 avril dernier. Ses travaux ont été réalisés sous la direction de Yves Bergeron, professeur émérite à l’Institut de recherche sur les forêts de l’UQAT, en codirection avec Alain Leduc, professeur associé à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). 

En savoir plus 

* Accumulation de matière organique dans le sol en raison d’une hausse de l’humidité et d’une baisse de la densité des arbres.

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