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Comprendre l’écologie des communautés pour mieux restaurer les steppes algériennes

2 juillet 2025

Actualité

Patrick-Nino Oloumane, doctorant, et Carlo Prévil, professeur

La steppe algérienne, située entre le nord fertile (le Tell) et le désert du Sahara, est un vaste territoire semi-aride qui couvre environ 200 000 km² et abrite 25 % de la population du pays. Depuis plusieurs décennies, cette région subit une dégradation progressive qui entraîne la désertification. Pour contrer ce phénomène, des efforts de restauration sont menés, mais leur efficacité reste limitée par un manque de compréhension des dynamiques écologiques en jeu. 

Patrick-Nino Oloumane, doctorant en sciences de l’environnement à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), cherche à mieux comprendre comment les plantes s’organisent et cohabitent dans les steppes algériennes, notamment dans la région d’El Bayadh. Contrairement à de nombreuses études centrées sur l’espèce Stipa tenacissima, une graminée dominante de ces milieux, le doctorant a choisi d’adopter une approche plus intégrée. Son étude s’intéresse ainsi aux filtres écologiques qui influencent la composition des communautés végétales comme le climat, les sols, la compétition interspécifique ainsi que les caractéristiques des plantes (traits fonctionnels) et leurs relations évolutives (relations phylogénétiques). Les travaux de Patrick-Nino Oloumane ont ainsi permis de démontrer que l’environnement joue un rôle majeur dans l’établissement des espèces, tandis que la compétition entre elles joue plutôt un rôle secondaire. De plus, les traits fonctionnels des plantes expliquent mieux leur répartition que leurs liens de parenté. Un modèle de distribution pour l’Atractylis serratuloides, une espèce clé, montre qu’elle pourrait s’étendre dans le futur selon certains scénarios climatiques. Les résultats offrent des perspectives concrètes pour la conservation et la réhabilitation des steppes en misant sur les espèces les plus résilientes et adaptées. Toutefois, des recherches complémentaires seront nécessaires pour affiner ces recommandations à long terme et renforcer les retombées pour l’aide à la décision dans l’établissement de scénarios d’aménagement des milieux steppiques, notamment en Afrique du Nord (Algérie), en Eurasie (steppe eurasienne), en Amérique du Nord (Prairies canadiennes) et en Amérique du Sud (Pampa patagonienne, Argentine). 

Patrick-Nino Oloumane a soutenu sa thèse le 25 juin dernier. Son projet intitulé « Étude des mécanismes d’assemblage des communautés végétales dans la steppe de la région d’El Bayadh (Algérie) » a été réalisé sous la direction de Carlo Prévil, professeur à l’Unité d’enseignement et de recherche en sciences de l’éducation de l’UQAT, sous la codirection de Wael El Zerey de l’Université des Sciences et de la Technologie d’Oran. À noter que les résultats des travaux de recherche ont valu à Patrick-Nino Oloumane et à son équipe de direction d’être cités comme collaborateurs dans le Rapport préparatoire des travaux de la seizième session de la Conférence des Parties (COP16) de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), tenue à Riyad, en Arabie saoudite, en décembre 2024 (Global Land Outlook Thematic Report on Rangelands and Pastoralism. United Nations Convention to Combat Desertification). 

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