Anaïs Lacasse, professeure, Gabriel Gingras-Lacroix, doctorant, et Oscar Labra, professeur ©Marianne Vallée
La détresse psychologique chez les producteurs agricoles est une réalité dont on entend de plus en plus parler depuis quelques années. La qualité du lien qui unit un agriculteur à ses enfants fait partie de ce qu’on appelle les « facteurs de protection », c’est-à-dire des éléments qui réduisent les risques du père de souffrir de problèmes de santé mentale.
Dans le cadre de son doctorat en recherche en sciences de la santé, Gabriel Gingras-Lacroix s’est intéressé aux perceptions qu’ont les agriculteurs envers leur engagement paternel, la masculinité et les conflits découlant de la conciliation entre le travail et la famille, ainsi qu’à l’influence de ces perceptions sur leur niveau de stress. Le doctorant, inscrit à un programme de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke offert à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), a soutenu sa thèse le jeudi 2 mai dernier, à Rouyn-Noranda.
Au cours des dernières années, ce dernier a mené une recherche phénoménologique descriptive à partir d’entrevues réalisées avec 14 agriculteurs ayant deux caractéristiques communes : avoir au moins un enfant âgé entre 0 et 5 ans et résider sur le territoire de l’Abitibi.
Selon les agriculteurs interviewés, l’essence de la paternité repose sur le fait d’être présent activement auprès de ses enfants, ce qui amène les pères à s’engager pour répondre à leurs besoins physiologiques et émotionnels, à être un mentor pour eux et à assure leur éducation.
Les pères agriculteurs adoptent par ailleurs une vision hybride de la masculinité. Sur le plan du travail, ils adoptent principalement des comportements et des valeurs propres à l’archétype de la masculinité orthodoxe. Ils optent toutefois pour la masculinité inclusive lorsqu’il est question de la sphère familiale.
Autre constat de l’étude menée par Gabriel Gingras-Lacroix : c’est le travail et les conflits pour le concilier avec la vie familiale qui génèrent du stress chez les agriculteurs, et non leur engagement paternel.
La thèse intitulée « La paternité et son influence sur le stress ressenti par les agriculteurs » a été réalisée sous la direction du professeur à l’École de travail social de l’UQAT et directeur de la Chaire de recherche stratégique en santé et perspectives autochtones (CRSSPA), Oscar Labra.