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Aki Tipatcimo, la contre-cartographie participative au cœur d'un atelier exploratoire au Laboratoire de cartographie participative de l'UQAT

24 mars 2023

Actualité

Benoit Éthier, professeur à l’École d’études autochtones
Crédit photo : Christopher Trépanier

Les 16 et 17 mars derniers, un évènement de contre-cartographie participative « Aki Tipatcimo », organisé par deux membres de la nouvelle Unité mixte de recherche INRS-UQAT en études autochtones – Benoit Éthier, professeur à l'École d'études autochtones de l'UQAT, et Marie-Eve Drouin-Gagné, professeure au Centre Urbanisation Culture Société à l'Institut national de la recherche scientifique, s'est tenu au Pavillon des Premiers-Peuples du campus de l'UQAT à Val-d'Or. Cet atelier exploratoire avait pour but d'entamer la conversation, d'encourager la collaboration et d'explorer les possibilités d'une réappropriation de l'espace urbain comme espace autochtone. Cette activité était centrée sur la généalogie des lieux et les récits des personnes participantes qui souhaitaient partager leur expérience de vie en lien avec le territoire.

Près d'une trentaine de personnes ont pris part aux activités du jeudi et plus d'une quinzaine à celles du vendredi, alors que le groupe était invité à participer à la création de cartes de lieux représentatifs. Lors de la première journée, Danny Bisson, géomaticien et référence en matière de cartographie autochtone, a fait une présentation sur l'évolution des cartes de la région et des toponymes à travers le temps. Cette démonstration a mis en lumière les profondes transformations du territoire et les changements de noms des lieux, alors que plusieurs toponymes anicinabek ont été éliminés au fil de l'histoire.  À la suite d'une courte présentation sur les possibles contre-cartographies autochtones pour répondre au colonialisme des cartes officielles ou à l'effacement des présences autochtones sur les cartes officielles, le professeur Éthier et la professeure Drouin-Gagné ont invité le groupe à une réflexion sur ce qu'ils et elles aimeraient cartographier. Plusieurs aînées et aînés ont contribué en racontant leur vécu et en partageant leur point de vue sur le territoire, que ce soit en lien avec la colonisation, leur expérience aux pensionnats, les activités en forêt, les lieux sacrés, les sites de portage ou encore les itinéraires en canot. Paul-Antoine Martel, conseiller à la ville de Val-d'Or, a également parlé du projet de mise en valeur de la toponymie anicinabe dans la MRC, réalisé en collaboration avec la communauté du Lac-Simon. Janet Mark, conseillère stratégique à la réconciliation et à l'éducation autochtone, a également souligné la démarche de l'UQAT concernant la reconnaissance territoriale autochtone.

La deuxième journée était consacrée à un atelier de création.  Après avoir offert une présentation portant sur la cartographie sensible, soit une façon de représenter les émotions, les ressentis, les perceptions, en utilisant le principe classique de la carte, Elise Olmedo, chercheuse postdoctorale au Département de géographie, aménagement et environnement de l'Université Concordia, a invité les personnes participantes à créer leur propre carte d'un lieu choisi. Ayant accès à différents matériaux (écorces de bouleau, sapinage, tissu, etc.), les participantes et participants ont pu représenter leurs lieux, leurs trajectoires et leurs territoires en utilisant la technique de leur choix, que ce soit la couture, le dessin ou l'utilisation du logiciel Google Earth. L'évènement s'est terminé avec la présentation des cartes conçues par les différents groupes.

Avec une programmation souple et organique, plusieurs témoignages instructifs et inspirants ont émané de ces deux jours d'ateliers, qui se sont déroulés dans une grande synergie et un respect mutuel entre les personnes participantes et vis-à-vis les vérités partagées par les aînées et aînés autochtones. Des démarches sont en branle afin de poursuivre les discussions et de concrétiser des projets de mise en valeur des savoirs autochtones et de leurs relations historiques à des sites culturels clés à Val-d'Or, et plus largement dans la région témiscabitibienne.

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